Foire aux questions

Comprendre Cigéo

Questions

Cigéo est l’acronyme de Centre industriel de stockage géologique. Il s’agit du projet français de stockage en couche géologique profonde des déchets les plus radioactifs et à vie longue issus de la production électronucléaire. Ces derniers seront stockés dans des galeries creusées à 500 m de profondeur dans une couche d’argile stable depuis plus de 160 millions d’années.

Cigéo a été conçu pour garantir que les déchets stockés resteront en sécurité pendant plusieurs siècles. Les installations souterraines permettront de confiner les matières radioactives à 500 mètres sous terre, dans la couche géologique. Des études ont été menées pour s’assurer que les galeries souterraines restent sûres quoi qu’il arrive. Elles ont notamment été conçues pour résister, par exemple, aux séismes, à l’érosion, à une intrusion accidentelle par les générations futures (forages, etc.), etc.

Lorsque Cigéo sera complètement rempli, les installations souterraines seront scellées. Elles ne nécessiteront plus d’interventions humaines. Les installations de surface nécessaires à l’exploitation seront également démontées. La surveillance sera néanmoins maintenue autour du site. 

Par ailleurs, des actions sont mises en place pour conserver et transmettre la mémoire de Cigéo pendant 500 ans, au minimum. Par exemple, toutes les informations liées au stockage seront imprimées sur un papier spécial qui ne se détériore pas et seront conservées aux archives nationales.

Ces aspects sont détaillés dans le dossier d’options de sûreté (DOS) remis par l’Andra en 2016, et qui a été instruit par l’ASN avec l’appui de l’IRSN et de l’AIEA.

En savoir plus sur la sûreté de Cigéo.
En savoir plus sur la mémoire de Cigéo.

Il existe trois sites industriels de stockage de déchets radioactifs en France, tous gérés par l’Andra.

  • Le centre de stockage de La Manche a ouvert en 1969 à Digueville, non loin de La Hague. Il a pris en charge les déchets de faible et moyenne activité (FMA). Ces derniers sont conditionnés en colis puis stockés en surface. Ce centre n’accueille plus de déchets radioactifs depuis 1994, il est aujourd’hui en phase de fermeture.
  • Les déchets FMA sont désormais envoyés vers le centre de stockage de l’Aube, à Soulaines-Dhuys, actuellement en exploitation et rempli à environ 30% de sa capacité d’accueil
  • Également dans l’Aube, à Morvilliers, le Centre industriel de regroupement, d'entreposage et de stockage (Cires), accueille des déchets à très faible activité (TFA) dont la radioactivité est proche de la radioactivité naturelle. Ils sont stockés dans des alvéoles creusées à quelques mètres de profondeur dans une roche argileuse.

Les déchets susceptibles d’être stockés dans ces trois sites représentent 90,9% du volume des déchets radioactifs. Parmi les volumes restants, ceux destinés à être pris en charge par Cigéo représentent 3,1%.
 

Le coût objectif de Cigéo a été fixé par arrêté ministériel à 25 milliards d’euros pour les phases d’études, de construction et d’exploitation pendant plus d’un siècle. Ce coût a vocation à être affiné au fur et à mesure de l’avancement du projet. Selon le principe de « pollueur payeur » prévu par la loi, ce sont les trois acteurs de la filière électronucléaire française qui financent ce projet : EDF, le CEA et Orano (ex Areva).

En savoir plus sur le coût et le financement de Cigéo.

Cigéo est destiné à stocker les déchets existants issus des installations déjà arrêtées ou actuellement en fonctionnement. L’Andra a publié différents scénarios prospectifs dans le cadre de l’Inventaire national des matières et des déchets radioactifs. Ils montrent que si le volume de déchets produit par le parc actuel à terminaison diffère selon la durée de vie des centrales, une majorité des déchets radioactifs destinés à Cigéo existent déjà. Fin 2016, 37 % des déchets HA et 60 % des déchets MA-VL destinés à Cigéo sont ainsi déjà produits.

En savoir plus sur les volumes de déchets radioactifs en France.

Si le projet est autorisé, les déchets seront stockés dans les installations souterraines de manière définitive. L’exploitation de Cigéo (période durant laquelle les déchets seront mis dans le stockage) devrait durer un siècle environ. A l’issue de cette période, le site aura accueilli l’ensemble des volumes de déchets pour lequel il est conçu. Les galeries seront alors fermées, les installations d’exploitations démontées et le site sera fermé et placé en phase de surveillance. 

En savoir plus sur le fonctionnement de Cigéo.

Impact sur la Meuse et la Haute Marne

Questions

Cigéo permettra de créer des emplois : entre 1000 et 2000 durant la phase initiale de construction et environ 600 pendant la période d’exploitation. Si l’on ne peut pas prédire où les salariés et leurs familles choisiront de s’installer, il est néanmoins possible de se projeter avec l’expérience issue du centre de l’Andra en Meuse / Haute-Marne et de son laboratoire souterrain. En effet, actuellement, 59% des salariés résident dans un rayon de moins de vingt kilomètres et ils sont 87% à résider à moins de 50 kilomètres du centre de Meuse / Haute-Marne.

Aux emplois générés par la construction et l’exploitation de Cigéo, il convient d’ajouter les emplois induits (liés aux consommations et à l’accueil des nouveaux salariés). Par ailleurs, le développement économique autour du projet fait partie des priorités de travail de l’État et des collectivités, qui réfléchissent à la meilleure manière d’attirer des instituts de formation, des industries liées au nucléaire ou à d’autres secteurs d’activité à proximité du centre de stockage. Au final, le territoire pourrait bénéficier de l’arrivée de plusieurs centaines de nouveaux habitants.

À la demande des autorités, la Commission nationale du débat public (CNDP) a organisé deux débats publics nationaux sur la gestion des déchets les plus radioactifs. En 2005, un premier débat public s’est tenu sur la base des quinze premières années de recherche autour de la gestion des déchets de haute et moyenne activité vie longue. En 2006, la loi a entériné le choix du stockage géologique profond. 

De mai 2013 à janvier 2014, un deuxième débat public national a été organisé. Suite à l’intervention d’associations hostiles au projet, les réunions publiques ont été annulées mais le débat a pu se poursuivre selon des modalités de participation au débat revues par la CNDP (débat sur Internet notamment). Dans ce cadre, la participation a été importante : 150 cahiers d’acteurs déposés, 1 500 questions posées, 500 avis exprimés dont 25 % émanant de Meuse et de Haute-Marne. Une « conférence de citoyens » a également été organisée, comprenant parmi ses membres plusieurs habitants de Meuse et de Haute-Marne.

En 2018, l’Andra a déployé une feuille de route de la concertation, sous le regard vigilant de garants de la CNDP, sur des sujets locaux intéressants les riverains et les parties prenantes du territoire (cycle de l’eau, énergie, infrastructures de transport, aménagement de l’espace et cadre de vie) afin de co-construire le projet, avant le dépôt de la demande d’autorisation de création (DAC) prévu en 2019. 

De manière continue, l’Agence mène de nombreuses actions d’information et de dialogue auprès des élus locaux et des habitants (supports et réunions d’information, visite du laboratoire souterrain, journées portes ouvertes, etc.) Ainsi, depuis 2012, un groupe d’une quinzaine de personnes se réunit régulièrement pour évoquer la conservation de la mémoire de Cigéo.

En savoir plus sur le dialogue avec les habitants.
En savoir plus sur la naissance de Cigéo.

A partir de 1994, l’Andra a cherché un site pouvant accueillir un laboratoire souterrain destiné à étudier la faisabilité d’un stockage profond. Quatre sites candidats ont été étudiés : dans le Gard, dans la Vienne, en Meuse et en Haute-Marne. Les études préliminaires ont montré que la géologie des sites de la Meuse et de la Haute-Marne, fusionnés en un seul site, était particulièrement favorable.

La couche géologique de ce territoire est une couche sédimentaire argileuse âgée de 160 millions d’années : les argilites du Callovo-Oxfordien. Épaisse de plus de 120 mètres et située entre 400 et 600 mètres de profondeur, cette couche est stable depuis plus d’une centaine de millions d’années. Ses propriétés, notamment sa stabilité et sa très faible perméabilité en font un environnement propice au stockage en profondeur.

En savoir plus sur la naissance de Cigéo.

Plusieurs entreprises et industries ont d’ores et déjà choisi de s’implanter à proximité du centre de stockage. C’est par exemple le cas d’EDF, qui a installé une plateforme de stockage de pièces de rechanges à Velaines (Meuse), ainsi qu’une base de maintenance de l’outillage des centrales nucléaires à Saint-Dizier (Haute-Marne). LMC, filiale d’Orano consacrée au transport de pièces pour les centrales est implantée à Void-Vacon (Meuse) depuis 2009. Le CEA conduit à Bure-Saudron un projet autour de la métallurgie du futur (programme CICeron 1600). L’ensemble de ces activités nouvelles font appel aux entreprises locales.

Par ailleurs, la construction de Cigéo impliquera de développer les infrastructures locales : le renforcement des dessertes routières de proximité, une liaison ferroviaire à réaménager pour l'acheminement des déchets radioactifs, la mise en place de réseaux de raccordement (eau, assainissement), la desserte numérique...

Pour organiser le développement socio-économique du territoire, le gouvernement a demandé à la préfecture de la Meuse d’élaborer un contrat de développement du territoire (CDT). L’objectif est que les territoires de la Meuse et de la Haute-Marne soient parties prenantes du projet et qu’ils bénéficient économiquement de son implantation.  

Les zones de culture et de pâturage situées à proximité du site de Cigéo ne seront pas impactées. 

L’impact du centre en termes de radioactivité, pendant son exploitation et après sa fermeture, sera très inférieur à celui de la radioactivité naturelle et n’aura donc aucun impact sur la qualité des productions agricoles. Les rejets seront contrôlés par l’ASN.  

Par ailleurs, le retour d’expérience de l’implantation de l’Andra dans l’Aube depuis 20 ans montre que l’implantation d’un centre de stockage de déchets radioactifs n’est en aucun cas incompatible, même en termes d’image, avec les activités agricoles. De nombreuses installations nucléaires coexistent en France avec des activités agricoles, sans qu’elles en souffrent. L’industrie et l’agriculture ont toujours coexisté en France.  

En savoir plus sur l’observation de l’environnement.

La santé des riverains de Cigéo ne sera pas impactée par l’installation. Pour cela, il est essentiel que les risques liés au stockage profond soient parfaitement maîtrisés. Pendant toute la période d’exploitation les rejets radioactifs à proximité du centre ne dépasseront pas les 0,01 mS/an. Un chiffre très en dessous de la radioactivité naturelle, qui est de 2,4 mSv/an en France. Selon la loi, les rejets radioactifs d’une installation nucléaire ne doivent pas dépasser 1 mSv/an. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’assurera que ces limites soient respectées.

Par ailleurs, les propriétés de la couche d’argile dans laquelle seront confinés les colis de déchets limitent et ralentissent considérablement la circulation des éléments radioactifs. Ces derniers n’atteindront la surface que dans des centaines de milliers d’années et auront ainsi un niveau de radioactivité largement inférieur à la radioactivité naturelle.

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Déchets nucléaires et sûreté

Questions

Les galeries souterraines de Cigéo accueilleront deux types de déchets : les déchets de moyenne activité à vie longue (MAVL) et les déchets de haute activité (HA). Ils représentent 3% des déchets nucléaires produits en France mais rassemblent 99% de la radioactivité. Ils ont la particularité de rester radioactifs pendant de très longues années.

En savoir plus sur les déchets nucléaires destinés à Cigéo.

Les combustibles utilisés dans les réacteurs nucléaires sont composés d’uranium naturel enrichi. Au fil du temps, ces combustibles deviennent moins performants. Ils sont alors traités, notamment à l’usine Orano de La Hague (Manche). Ce traitement permet de récupérer les matières (plutonium généré par le fonctionnement des centrales et uranium) pouvant être recyclées et de servir à la fabrication de nouveaux combustibles nucléaires composés d’un assemblage d’uranium, et de plutonium (les combustibles MOx).

  • Les déchets haute activité (HA) sont essentiellement constitués des résidus non réutilisables obtenus lors de ce traitement.
  • Les déchets de moyenne activité à vie longue (MAVL) sont issus des structures métalliques (gaines, coques, embouts) entourant ces combustibles. Elles sont cisaillées en petits tronçons lors du traitement. D’autres déchets MAVL sont constitués des résidus liés au fonctionnement ou à la maintenance d’installations nucléaires ainsi qu'à la fabrication de certains combustibles nucléaires.

En savoir plus sur les déchets nucléaires destinés à Cigéo.

Non, seuls les déchets issus des installations françaises sont destinés à Cigéo. La réglementation française prévoit de manière générale (art. L. 542-2 du code de l’environnement) que le stockage en France des déchets radioactifs étrangers, de même que les déchets radioactifs issus du traitement de combustibles usés et de déchets radioactifs étrangers est interdit.

En 1991, trois axes d’études pour la gestion des déchets HA et MA-VL avaient été définis par la loi : le stockage géologique profond, la séparation-transmutation de ces déchets ainsi que l’entreposage de longue durée en surface.

La technique dite de « séparation transmutation » consiste à "transformer", dans le futur, certains déchets hautement radioactifs en déchets à durée de vie plus courte, ou moins radioactifs, et ainsi faciliter leur gestion. Les résultats de ces recherches montrent que la séparation/transmutation ne supprime pas la nécessité d’un stockage profond car elle ne serait applicable qu’à certains radionucléides contenus dans les déchets (ceux de la famille de l’uranium). Le traitement d’un volume important de déchets n’est, de plus, pas possible à ce stade : il nécessiterait le déploiement de systèmes à neutrons rapides dans le parc nucléaire. De même, les déchets déjà produits et vitrifiés ne peuvent être traités. Néanmoins, la loi de 2006 a prévu la poursuite des recherches sur la séparation-transmutation.

L’entreposage de longue durée a quant à lui été écarté pour les déchets HA et MA-VL. Cette solution pourrait être envisageable sur le moyen terme, c’est-à-dire pour une centaine d’année. Mais les études réalisées indiquaient qu’il sera indispensable, lorsque les entrepôts auront atteint leur fin de vie, de reprendre les colis et de construire de nouveaux entrepôts. Un fardeau trop lourd à porter pour les générations futures.

En savoir plus sur la naissance de Cigéo.

Il n’existe pas à l’heure actuelle de moyen de détruire ou d’incinérer les déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue. L’incinération est une pratique courante pour les déchets nucléaires organiques de faible et moyenne activité à vie courte. Pour certains déchets à durée de vie longue, notamment les déchets incorporés dans une matrice bitume, cette solution est envisagée. Le traitement des gaz doit être très performant avec un niveau de filtration très élevé, et les volumes à traiter sont considérables. C’est techniquement réalisable mais industriellement difficile à mettre en œuvre.

Le CEA effectue néanmoins une étude de faisabilité pour cette incinération des déchets incorporés dans une matrice bitume, qui pourrait être une alternative à leur stockage géologique.
 

Le stockage souterrain est la solution retenue par la plupart des pays disposant d’un parc électronucléaire. 

La Finlande est très avancée sur le stockage des déchets de Haute Activité. Un projet de stockage profond des combustibles usés sur le site d’Okiluoto est en cours avec un démarrage des opérations prévu dans la prochaine décennie (la demande d’exploitation du site devrait être déposée en 2020).
La Suède a également un projet de stockage en cours dans une roche granitique à Forsmark. La demande d’autorisation de construction d’un stockage a été déposée auprès des autorités pour une mise en service prévue entre 2020 et 2025.
Le Royaume-Uni, le Japon et la Chine ont lancé des recherches de site pour accueillir un centre de stockage géologique.

En savoir plus sur les solutions choisies par les autres pays.
 

Le transport de substances radioactives sera assuré par des sociétés spécialisées et agréées. Il répond à des procédures strictes sûreté, réglementées par l’ASN. Les déchets seront transportés dans des emballages spécifiques conçus pour être étanches et le rester même en cas d’accident (collision, incendie, immersion…). Ils sont composés de plusieurs types de matériaux qui permettent de réduire les niveaux d’irradiation pour les rendre inférieurs aux limites fixées par la réglementation. C’est-à-dire que la quantité de rayonnements reçus par une personne qui resterait à 2 mètres du véhicule pendant une heure n'excédera pas la limite de 0,1 milliSievert.

Pour en savoir plus : consulter la fiche de l’ASN consacrée au transport des déchets radioactifs

Le principe de réversibilité prévoit la possibilité de récupérer des colis de déchets déjà stockés selon des modalités et pendant une durée cohérentes avec la stratégie d'exploitation et de fermeture du stockage. Ce principe de réversibilité doit être assuré pendant 100 ans. En réalité, si une solution efficace de recyclage était découverte, il serait plus sûr de l’utiliser sur les déchets nouvellement produits plutôt que d’extraire les colis déjà confinés.

Les déchets de haute activité (HA) sont d’abord traités, puis conditionnés selon des normes bien spécifiques. Ils sont d’abord calcinés et se présentent sous la forme d’une poudre noire. Ensuite, ils sont immédiatement incorporés à une pâte de verre en fusion. Le mélange est coulé dans un colis en inox. A ce stade, leur température en stockage est de 350 °C en moyenne. Cette température diminue progressivement avec le temps en raison de la décroissance naturelle de leur radioactivité. Afin de pouvoir être stockés dans Cigéo à une température n’excédant pas 90°C, ils devront d’abord être entreposés plusieurs dizaines d’années, temps nécessaire à leur refroidissement. 

Les déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL), sont des déchets technologiques liés à l'usage et à la maintenance des installations nucléaires. Ils sont compactés sous forme de « galettes ». Ces dernières sont ensuite introduites dans des colis en béton ou en métal. Le plus souvent, pour le transport ces colis seront regroupés par quatre dans des conteneurs en béton.

En savoir plus sur les déchets destinés à Cigéo